PENSEES
D’UN QUADRAGENAIRE
Par Habib39
1 - Ceux qui rient des défauts des autres le font afin d’oublier les leurs.
2 - La vie est déjà triste et amère sans qu’on cherche à se la rendre telle. Il y en a assez de souffrance pour nous tous. Il y en a même de trop. Donc, aidons-nous à la vivre, à la supporter, au lieu de nous faire souffrir les uns les autres.
3 - C’est bien d’être d’un tempérament doux et pacifique, c’est bien de s’abstenir de nuire aux autres ; mais en contre partie, il faut être un tant soit peu agressif de façon à prévenir et dissuader toute nuisance de la part des autres.
4 - La patrie n’est pas une terre, ni une bâtisse faite de pierres, ni des proches ou bien des frères. La patrie c’est des regards affectueux, c’est des sourires chaleureux, c’est des propos respectueux. Et c’est des cœurs démesurés à contenance illimitée pour accueillir, si besoin est, l’humanité. La patrie n’a aucune frontière, la patrie de l’homme n’est qu’un mot, un mot magique : c’est l’amour.
5 - L’homme qui veut satisfaire ses besoins vitaux de manière légitime et proportionnée n’est ni pervers ni sensuel, mais c’est un esprit équilibré et pondéré.
6 - La vie n’est fondée que sur des des illusions et des chimères. Combien notre cœur aspire à des choses qui lui paraissent inaccessibles, mais dès qu’il les a, toute leur attraction s’évanouit et il s’en détourne, insatisfait, vers d’autres.
7 - La vie est associée à une profonde tristesse laquelle entre dans l’essence même de l’existence. La joie quant à elle ne fait que passer, elle est passagère, superficielle, voire irréelle.
8 - La pensée est l'une des actions les plus sublimes et sacrées que l’homme puisse faire. Mais sa valeur et sa portée se minimisent quand elle n’a ni objectif ni démarche ni itinéraire.
9- La solitude est une chose pénible à supporter, mais elle est parfois l’ultime refuge de l’homme sage.
10- La sagesse loge dans le cœur ou l’esprit, mais sa trace demeure perceptible dans la moindre des choses : dans l’acte, dans le geste, dans le mot et jusque dans le regard de l’homme sage.
11- La tristesse et la profonde connaissance forment un magnifique attelage qui chasse tous les sentiments bas du cœur de l’homme : point de haine ni d’envie ni de jalousie ni d’attachement aveugle aux biens matériels de ce monde, mais rien qu’un amour débordant et qu’une pure bonté sans bornes.
12- L’homme privé de foi n’a qu’une seule espérance : c’est sa vie ici-bas. Le croyant en a deux, lesquelles renvoient à deux vies : sa vision est donc plus large, son tempérament plus calme et sa quiétude plus assurée.
13- L’inconnu telle que la mort (et ce qui s’ensuit) est associé dans notre esprit au noir et à l’obscurité comme si le monde où on vit équivaut à la lumière et à la parfaite vision, or tant de mystères dans cet univers qu’on croit connaître sont encore bien loin d’être éclaircis. Moralité : on doit reconnaître qu’on est encore ignorants et que l’inconnu n’est pas forcément dans un autre monde sis derrière la barrière de la mort.
14- Le temps nous échappe entre les doigts et on s’en plaint toujours : « Le temps passe trop vite ! », « La vie est si courte ! », « On n’a pas assez de temps ! ». Voilà des refrains qu’on ne cesse de répéter en chœur. Mais si pour une fois, on arrête de fixer du regard le moment à venir et on examine celui qu’on est en train de vivre, on constatera non sans surprise qu’on le passe à ne rien faire ou qu’on le gâche à faire des choses insignifiantes. Moralité: A-t-on vraiment besoin de plus de temps ou plutôt de plus de sagesse et de fermeté pour bien savoir gérer la part de temps qui nous est impartie ?
15- Les concepts qu’on se fait des objets et des êtres ne sont pas forcément conformes à la vérité des modèles réels. En effet, nous forgeons ces concepts par le moyen de cinq sens souvent trompeurs et grâce à un potentiel intellectuel assez limité. D’une autre part, l’objet est unique alors que les conceptions qu’on a de lui sont multiples et variées, vu la grande divergence de nos mentalités et nos manières de pensée. Moralité : Un peu plus d’indulgence avec ceux qui ne conçoivent pas les choses de la même manière que nous.
16- Nous prétendons que cette vie n’est pas absurde et nous cherchons une certaine sécurité à croire en une finalité de cette vie dans laquelle, comme le prescrit la religion, chacun est chargé d’un message noble à assumer. Or, chaque jour, nous donnons la preuve par nos actes irresponsables et notre soumission débridée à nos caprices les plus insensés que nos vies sont infiniment dépourvues de sens.
17- Les hommes se répartissent en deux catégories : celle des chanceux, et celle des malchanceux (quelle guigne !). Quant à ces derniers, ils dépensent leurs plus belles années à se lamenter sur leur sort et pleurer leur chance manquée. Quant aux premiers, eux, ils passent leur vie à dilapider insensément leur part de chance, pour déplorer à leur tour ce don précieux qu’ils ont gâché. Moralité : l’homme est une créature difficile à contenter.
18- Notre vrai ennemi n’est pas celui qui nous affiche ouvertement son mépris, son animosité et son antipathie, c’est plutôt celui qui nous flatte et nous sourit, alors qu’il n’a pour nous que haine et envie. Quant à notre suprême ennemi, celui qui le plus nous nuit, ce n’est autre que nous-mêmes. Prenons-en donc bien garde !
19- La raison donne un sens à notre existence. C’est le garant de la continuité de notre vie. Mais quand le sage ne trouve nulle part autour de lui cette noble raison qui lui est si nécessaire, comment peut-il alors supporter cette vie dans un monde irrationnel, dans un monde de délire et de folie.
20- Le monde de nos jours est fondé sur des contrastes déraisonnables et sur la logique de l’illogique : Tout y est confus, tout y est mêlé : l’absurdité et la sagesse, la grandeur et la bassesse, la complexité et la simplicité, l’hypocrisie et la sincérité… Face à quoi le sage est complètement désemparé : Doit-il rire de ce qu’il voit, ou bien faut-il pleurer ?
21- Combien l’homme émet facilement et promptement de jugements, consciemment ou inconsciemment ! Cependant, il daigne rarement se rétracter et changer d’avis de manière complètement volontaire, sans pressions ni contraintes extérieures.
22- Les âmes tristes sont attirées par tout ce qui leur ressemble des êtres et des choses : elles aiment les sourires tristes, les chants mélancoliques, les réflexions profondes sur la mort et les dures épreuves de ce bas monde. Elles se sentent à leur aise dans les lieux calmes, dans la solitude, dans le silence, dans la contemplation, et dans la scrutation d’un ciel éternellement nuageux.
23- Certains n’ont pas besoin d’un quelconque passeport, vrai ou falsifié, ni de n’importe quel moyen de transport, moderne ou ancien, pour partir en voyage. Il leur suffit de respirer profondément, de fermer les yeux, et de laisser leurs esprits entamer leur envol vers d’autres régions lointaines et inconnues. Et quel beau voyage est-ce !
24- Il y a des âmes obsédées par l’idée du départ et du voyage. Elles attendent impatiemment leur tour pour déployer leurs ailes, pour décoller et partir très très loin vers l’horizon qui les appelle.
25- Savez-vous quel bilan peut-on faire de tous les soi-disant acquis de l’époque moderne : l’ère de la technologie à la pointe, des machines sophistiquées, et des services rapides et de haute qualité ? Je vais vous le dire : L’homme d’autrefois, celui de l’époque préindustrielle savourait pleinement sa vie qui était pourtant dure et simple, et ne s’en ennuyait qu’une fois devenu très vieux, après avoir vu, vécu, et connu tant d’expériences. De nos jours, les jeunes qui ont à peine mis le pied dans la vie en sont déjà blasés et dégoûtés. Je me demande enfin : Est-ce cela le prix qu’il faut payer contre le progrès ? (Et dans ce cas-là, quel fardeau lourd à supporter il est !) Si c’est non, ce progrès ne doit pas en être un, et en tel cas ne faut-il pas en chercher le vrai ?
26- Tant qu’il ya le travail et la détermination il n’y a pas lieu de parler d’ambition exagérée.
27- Ne vous contentez pas de la médiocrité. Briguez toujours l’excellence.
28- Tant qu’il y a la foi, il y aura toujours une lueur d’espoir qui illuminera notre vie.
29- Un sourire ne coûte rien, mais Dieu qu’il est doux ! Il abreuve les cœurs telle la pluie un désert assoiffé.
30- Le sage n’est jamais surpris par les déceptions et les déboires. Il sait que cela entre dans l’essence même de la vie.
31- Les biens terrestres sont divisibles en deux catégories : des choses que tu possèdes et d’autres que tu convoites. Quant à ce que tu possèdes, qu’il est aisé de le perdre ! Et qu’il est dur de le reconquérir ! Quant à ce que tu convoites, qu’il est difficile de l’acquérir et qu’il est facile de le perdre ! Faut-il donc vraiment s’attacher aux choses de la vie ?
32- L’exemple des corps et des âmes est celui des coquilles et ce qu’elles renferment. Il y a des coquilles dont l’aspect te plaît mais qui ne contiennent rien de valeureux, et il y en a dont on méprise l’apparence alors qu’elles contiennent les plus rares des perles.
33- Pour certains la vie n’est qu’un rire forcé mais tellement amer.
34- Qui méprise les faibles s’incline devant les forts. Qui dédaigne les pauvres flatte les riches. Seule la personne humble et modeste ne sait ni flatter ni mépriser car elle a le cœur rempli d’amour et de respect pour tous ses semblables.
35- Quand les jolis mots avec lesquels on a grandi perdent leur sens ou disparaissent, alors la vie n’est plus la vie, et ne mérite plus qu’on s’y attache.
36- Le temps que nous vivons est celui où l’homme honnête est rabaissé tandis que la personne abjecte est honorée. C’est l’époque où les valeurs sont inversées et le sacré est profané. Ô vils esclaves de ce bas monde et ses biens matériels, on vous félicite, vous êtes bel et bien dans votre époque. Profitez-en, réjouissez-vous, amusez-vous, cela ne va peut-être pas beaucoup durer. Quant à vous chers malheureux, patience, patience. C’est amer et douloureux, mais tenez bon, et visez toujours du regard l’horizon, après tant d’obscurité connue le soleil ne tardera pas de se lever.
37- Il est fort possible que chacun de nous ne puisse pas faire des grandes choses dans sa vie, mais le plus important est de ne pas hésiter, chaque fois que l’occasion se présente, à allumer une petite chandelle, juste une toute petite chandelle… qui pourrait éventuellement chasser une infime part d’obscurité dans ce monde.
38- Une guerre affreuse qui mène à une vie digne vaut sûrement mieux qu’une triste paix qui n’enfante que des cadavres vivants.
39- Dieu nous a donné une capacité illimitée d’aimer, mais nous en sommes apparemment si avares puisque nous tenons paradoxalement à en économiser la majeure partie. Quels bons économes nous sommes !
40- Tout ce monde et ce qu’il contient de biens matériels, de richesses, d’argent, d’habitations luxueuses, de belles femmes, de jouissances et de délices…tous réunis ne valent pas la plus petite parcelle de la dignité d’un homme vertueux.
41- Il n’est pas nécessaire que le corps et l’âme grandissent ensemble proportionnellement. Combien de jolis corps imposants abritent de vilaines âmes infiniment petites ! Combien es traits laids enveloppent des cœurs nobles set magnanimes !
42- A chacun dans ce monde son petit lot de terre à cultiver. Il y a ceux qui ont des terres vastes et étendues au-delà de leurs besoins, et il y a qui n’en ont pas assez. Certes, les moins lotis doivent à priori se contenter de ce qu’ils ont tout en essayant de travailler afin d’améliorer leur sort. En attendant, je passe un bref message aux soi-disant privilégiés : Ne soyez pas orgueilleux. Aidez, si besoin est, ceux qui sont moins fortunés, sinon respectez au moins leur souffrance et leur dignité.
43- A l’intérieur de chacun de nous se dissimule un petit bonhomme hypocrite. Quand cet hypocrite grandit et grandit au fur et à mesure que nous le lui permettons, il finit par se confondre avec notre ego. Moralité : dans notre nature humaine, il y a un brin d’hypocrisie. Soyez-y vigilants.
44- Il y a des personnes qui ne leur faut que naître pour entamer le périple de la souffrance.
45- Rien ne sert de réparer la construction vétuste qui est sur le point de s’effondrer. Il faut tout simplement attendre qu’elle s’abatte pour la reconstruire sur de nouveaux fondements solides.
46- Si tu constates chez toi un certain don à bien discerner les défauts des autres, va te regarder sans tarder dans un miroir. Tu mérites mieux que les autres de profiter de ton propre talent.
47- Les biens de ce monde consistent en deux choses : une chose que tu as déjà, et une autre que tu rêves de posséder. Quant à ce que tu as, qu’il est aisé de le perdre et qu’il est difficile de le récupérer ! Quant à ce que tu convoites, combien il est difficile à acquérir et combien il est facile à perdre ! Alors décide-toi : Vaut-il mieux s’attacher aux plaisirs de ce monde ou bien s’en détourner.
48- Je pense que les plus profonds sentiments, qui sont enracinés dans la nature humaine, sont ceux contenus dans la trilogie de : l’amour, la tristesse et la peur.
49- Les corps et les âmes sont tels les coquilles et leurs contenus. Parmi ces enveloppes de mollusques, il y en a dont la forme, la couleur et l’aspect sont si agréables à voir, mais ils ne referment hélas que vide et le néant. Leur apparence est donc fort trompeuse. Il y en a d’autres dont l’aspect méprisable nous laisse complètement indifférents, alors qu’elles contiennent les plus rares et précieuses des perles. C’est ainsi que Dieu a réparti le bien et les dons sur ses créatures. L’apparence nous informe quelques fois sur l’essence, mais souvent ce n’en est pas le cas.
50- Le mot est une lumière sacrée qui tue ou donne la vie, qui accorde l’existence ou réduit à néant. Le mot peut être du feu brûlant ou de l’eau rafraîchissante. Le mot est le miracle de la création divine. Le mot est le secret de Dieu.
