DEVOIR DE SYNTHESE 1

4ème/ classes Scientifiques

DEVOIR DE SYNTHESE N°1

(Madame de Rênal reçoit la visite d’un jeune précepteur (1) : Julien Sorel)

Avec la vivacité et la grâce (2) qui lui étaient naturelles quand elle était loin des regards des hommes, madame de Rênal sortait par la porte-fenêtre du salon qui donnait sur le jardin, quand elle aperçut près de la porte d’entrée la figure d’un jeune paysan presque encore enfant, extrêmement pâle et qui venait de pleurer. Il était en chemise bien blanche, et avait sous le bras une veste fort propre de ratine violette.

Le teint de ce petit paysan était si blanc, ses yeux si doux, que l’esprit un peu romanesque de madame de Rênal eut d’abord l’idée que ce pouvait une personne qui venait demander quelque grâce (3). Elle eut pitié de cette pauvre créature, arrêtée à la porte d’entrée, et qui évidemment n’osait pas lever la main jusqu’à la sonnette.

Madame de Rênal s’approcha. Julien, tourné vers la porte, ne la voyait pas s’avancer. Il tressaillit quand une voix douce dit tout près de son oreille :

- Que voulez-vous ici, mon enfant ?

Julien se tourna vivement, et, frappé du regard si rempli de grâce de madame de Rênal, il oublia une partie de sa timidité. Bientôt, étonné de sa beauté, il oublia même ce qu’il venait faire. Madame de Rênal avait répété sa question.

- Je viens pour être précepteur (1), madame, lui dit-il enfin, tout honteux de ses larmes qu’il essuyait de son mieux.

Madame de Rênal resta interdite ; ils étaient fort près l’un de l’autre à se regarder. Julien n’avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout une femme avec un teint si éblouissant, lui parler d’un air doux. Madame de Rênal regardait les grosses larmes qui s’étaient arrêtées sur les joues si pâles d’abord et maintenant si roses de ce jeune paysan. Bientôt elle se mit à rire avec toute la gaieté folle d’une jeune fille.

Stendhal, Le Rouge et le Noir

1. Précepteur : personne chargée de l’éducation d’un enfant. / 2. Grâce : beauté. / 3. Grâce : faveur, service.

I / ETUDE DE TEXTE: (7)

1) Quel était l’effet produit par la vue de Madame de Rênal sur Julien Sorel ? Pourquoi ? (1)

2) Trouvez trois qualifications (adjectifs) pour décrire le caractère de Julien Sorel. Justifiez chaque qualification avec un indice relevé du texte. (3)

3) Les sentiments de madame de Rênal envers le jeune précepteur évoluent* le long de cette rencontre (du début du texte jusqu’à sa fin).

Expliquez cette progression en vous appuyant sur des indices textuels précis. (3)

*évoluent : changent de manière progressive

II / LANGUE: (3)

1- Julien Sorel est décrit dans ce texte de manière subjective.

a- Relevez trois procédés d’écriture différents qui traduisent cette subjectivité (donnez chaque fois le nom du procédé et un exemple du texte, qui l’illustre).

b- Dites quel est le sentiment exprimé par l’auteur à travers cette description. (2)

2- Mettez la phrase suivante au style indirect :

[Une voix douce demanda à Julien : « Que voulez-vous ici, mon enfant ? »] (1)

III/ ESSAI: (10)

Certains affirment que l’entente et l’amour sont impossibles quand de grandes différences séparent l’homme et la femme (Un écart d’âge, ou de culture, ou de niveau social, etc…).

Partagez-vous ce point de vue ?

Exprimez votre position là-dessus, en vous appuyant sur deux arguments illustrés d’exemples précis.

CORRIGE

I- ETUDE DE TEXTE: (7)

1) A la vue de Mme de Rênal, Julien Sorel a été frappé d’étonnement car cette femme lui paraissait d’une extrême beauté. (1point)

2) A travers la scène décrite dans ce texte, Julien Sorel paraît timide (« il oublia une partie de sa timidité »). Il semble aussi très sensible (« qui venait de pleurer »). Il a enfin l’air innocent et sans expérience avec les femmes (« étonné de sa beauté »). (3 points)

3) Au début du texte, Madame de Rênal avait pitié de ce jeune paysan innocent (« elle eut pitié de cette pauvre créature »). Puis, ce sentiment s’est transformé en une surprise quand elle ne savait comment réagir envers cet enfant qui voulait travailler chez elle comme précepteur (« Madame de Rênal resta interdite »). Enfin, la surprise a cédé la place à une sorte d’attirance et une certaine sympathie ( « bientôt, elle se mit à rire avec toute la gaieté folle d’une jeune fille »). (3points)

I- LANGUE: (3)

1) a- Julien Sorel est décrit dans ce texte de manière subjective. Certains procédés d’écriture traduisent cette subjectivité. On en cite :

1- Le champ lexical de l’enfance et de la pureté ( « jeune », « enfant », « petit », « blanche », « pleurer »…)

2- Le vocabulaire mélioratif (« blanc », « doux », « rose »…)

3- L’hyperbole/ l’exagération (« si blanc », « si doux », …) (1,5 point)

b- A travers cette description subjective, l’auteur exprime un sentiment de sympathie (compassion/ pitié) envers le jeune Julien Sorel. (0,5 point)

2) le style indirect :

[Une voix douce demanda à Julien : « Que voulez-vous ici, mon enfant ? »] : Une voix douce demanda à julien en l’appelant son enfant ce qu’il voulait là-bas. (1 point)

I- ESSAI: (10)

1) Introduction : (4 points)

a- Phrase introductrice de sens général.

b- Insertion de l’affirmation.

c- Formulation de la problématique (1 question).

d- Annonce du plan du développement sous forme d’interrogations.

2) Développement : (6 points)

a- Thèse (position absolue : pour ou contre)

b- Arg. 1 ( + exemple + conclusion partielle)

c- Arg. 2 ( + exemple + conclusion partielle)