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mardi 19 janvier 2010

EXERCICE/ PROCEDES


EXERCICES SUR

LES PROCEDES D'ECRITURE



CONSIGNE :


DEGAGEZ LES PROCEDES D’ECRITURE DANS CES EXTRAITS ET INDIQUEZ L’EFFET PRODUIT PAR CHACUN DE CES PROCEDES :




TEXTE 1


(Voltaire décrit la guerre à son époque à travers les yeux innocents et naïfs de son personnage Candide)



Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put pendant cette boucherie héroïque.



Voltaire, Candide.


TEXTE 2


(Baudelaire décrit la condition difficile du poète qui est souvent incompris et raillé)



A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.



Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.



Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.



Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait



C. Baudelaire, Les Fleurs du Mal.




TEXTE 3


(Harpagon qui est très avare est victime d’un vol)



Au voleur ! Au voleur ! À l'assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin... (il se prend lui-même le bras.) Ah ! C'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! On m’a privé de toi ; et puisque tu m' es enlevé, j' ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n' ai plus que faire au monde : sans toi, il m' est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré.


Molière, L'Avare.




TEXTE 4


(Le poète dénonce la privation des oiseaux de leur liberté)



Prenez garde à la sombre équité. Prenez garde !

Partout où pleur un captif, Dieu regarde

Ne comprenez-vous pas que vous êtes méchants

A tous ces enfermés donnez la clé des champs



Aux champs les rossignols, aux champs les hirondelles

Les âmes expieront tout ce qu’on fait aux ailes

La balance invisible a deux plateaux obscurs

Prenez garde aux cachots dont vous ornez vos murs



De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages

De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages ?

Aux sources, à l’aurore, à la nuée, aux vents

De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ?



Tous ces nageurs charmants de la lumière bleue

Chardonneret, pinson, moineau franc, hochequeue

Croyez-vous que les becs sanglants des passereaux

Ne touche pas à l’homme en heurtant ces barreaux ?


V. Hugo, La Légende des siècles




TEXTE 5


(L’auteur est contre la peine de mort, qui était pratiquée, avant, sur une place publique)



Quand la suprême justice donne seulement à vomir à l'honnête homme qu'elle est censée protéger, il paraît difficile de soutenir qu'elle est destinée, comme ce devrait être sa fonction, à apporter plus de paix et d'ordre dans la cité. Il éclate au contraire qu'elle n'est pas moins révoltante que le crime, et que ce nouveau meurtre, loin de réparer l'offense faite au corps social, ajoute une nouvelle souillure à la première. Cela est si vrai que personne n'ose parler directement de cette cérémonie (…) nous lisons ainsi, à l'heure du petit déjeuner, dans un coin de journal, que le condamné a "payé sa dette à la société" ou qu'il a "expié" ou que "à cinq heures, justice était faite".


A.Camus, Réflexions sur guillotine.


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